Il existait un temps où l’amour ne cherchait pas à se dire.
Il se reconnaissait dans la tenue d’un regard, dans une présence qui n’avait rien à expliquer.
On racontait qu’il demeurait parce qu’il ne demandait rien.
Puis les hommes commencèrent à croire autre chose.
Ils pensèrent que l’amour devait être formulé pour exister,
qu’il fallait le nommer, le raconter, le défendre contre le doute.
Les mots devinrent des preuves,
et les preuves, une manière de se rassurer.
Un jour, certains furent placés face à une image.
Il n’y avait rien à ajouter.
Le corps était là, sans récit possible.
Ce qui parlait jusque-là se tut.
Alors une différence apparut.
Ce qui tenait vraiment n’avait jamais demandé à être justifié.
Ce qui cherchait encore des mots avait surtout peur de disparaître.
Depuis, on dit que l’amour véritable ne parle pas.
Et que tout le reste bavarde pour se maintenir.
